Chercheur dans le domaine des matériaux et de la corrosion depuis plus de 20 ans, j'ai découvert la technique de l'eau forte en 2009 lors d'une exposition sur Pierre Soulages au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg. Ce fut un vrai choc esthétique aussi bien pour les œuvres imprimées que pour les matrices en cuivre rongées par l'acide, dont certaines étaient également exposées. La résonance avec mon activité professionnelle de chercheur dans le domaine des matériaux et de la corrosion était une évidence, comme un pont entre l’art et la science.
Malgré un caractère assez confidentiel dans la communauté scientifique et pour le grand public, cette discipline de la corrosion a des impacts quasi-quotidiens sur nos vies : elle perce les canalisations dans nos appartements, donne parfois des couleurs à notre eau potable, fait s’écrouler des ponts ou des ouvrages d’art ou fait couler des bateaux, cloue des avions au sol, ou encore conduit à stopper l’activité de centrales nucléaires. Comme un pied de nez à ces conséquences qui peuvent être terribles, une grammaire très poétique a été développée pour décrire les multiples formes qu’elle peut prendre : corrosion uniforme, corrosion par piqûres, corrosion par crevasses, corrosion par aération différentielle, corrosion sous contrainte, corrosion sous dépôts, corrosion bactérienne, corrosion filiforme, corrosion feuilletante, corrosion-érosion, corrosion par couplage galvanique, corrosion atmosphérique…
Comme beaucoup d’autres phénomènes naturels, ce qui est dangereux est également souvent beau. La corrosion n’échappe pas à cette règle, et on peut trouver une certaine forme d’esthétique dans les faciès des métaux corrodés. L’architecture par exemple utilise couramment les aciers de type Corten, qui correspondent ni plus ni moins à de l’acier rouillé (stabilisé certes pour ne plus évoluer dans le temps). Les façades du musée Soulages à Rodez en sont d’ailleurs un parfait exemple. Les colorations variées qu’on peut donner à l’aluminium ou au titane par le procédé d’anodisation sont aussi une autre forme d’utilisation intelligente de la capacité d’un métal à s’oxyder.
Mais la corrosion est aussi une parfaite illustration de l’air du temps, de notre société de consommation, de la supériorité de la nature sur ce que l’homme peut créer. Chaque seconde dans le monde, c’est ainsi plus de 5 tonnes de métal qui disparait par l’action de la corrosion. L’accroissement des polluants dans l’air, CO2 en tête, acidifie les eaux et accélère encore le phénomène. Créer de manière plus durable, choisir les bons matériaux dans la construction, être plus sobre, sont des nécessités vitales.
On atteint ici le cœur de ma démarche artistique : mettre en lumière une discipline scientifique souvent dans l’ombre, rendre beau ce qui ne l’est pas, illustrer la fragilité des créations de l’homme. Fortement influencé par les gravures à l’eau-forte d’artistes comme Pierre Soulages ou Hans Hartung, j’utilise des plaques métalliques que je soumets à des environnements agressifs pour former différents faciès de corrosion. Les combinaisons sont infinies, et l’aléatoire prend bien souvent le pas sur les certitudes du scientifique qui croit connaitre à l’avance le résultat de ses expériences. L’impression constitue l’aboutissement de ce lent travail du temps. Mêlant les techniques d’encrage en taille-douce et en taille d’épargne, l’utilisation de couleurs noires ou ocres, où les pigments sont composés en bonne partie d’oxydes de fer, prolonge naturellement ce lien avec le métal. Quelques incursions vers des couleurs plus vives permettent aussi d’oublier le motif original pour constituer des œuvres un peu plus abstraites.
Mes premières œuvres illustrent 4 modes de corrosion caractéristiques et souvent rencontrés sur les aciers inoxydables : la corrosion uniforme, la corrosion par piqûres, la corrosion à la ligne d’eau et la corrosion par crevasses. Après impression, et en fonction du choix des couleurs, on peut y voir des paysages lunaires ou martiens, des nuits étoilés, des glaçons poussiéreux, ou simplement des plaques corrodées.
C'est avec grand plaisir que je partage mes réalisations sur ce site dans la galerie ! Certaines de ces œuvres sont en vente sur le site Artmajeur. Vous pouvez aussi me contacter directement si vous préférez un achat sans intermédiaire et sans commissions. Et si vous avez l'occasion de passer par Lyon, j'aurai grand plaisir à vous recevoir pour une présentation personnalisée.
As a holder of a Materials Engineering degree and a PhD in Electrochemistry, my main professional activity is in the field of Research and Innovation in Materials and Corrosion since the late 1990s. I discovered the etching technique in 2009, during a visit to the Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg where an exhibition on the printed artwork of Pierre Soulages was on display. It was a tremendous aesthetic shock. Several copper matrices were presented, showing how Pierre Soulages used corrosion attacks to engrave flat plates and sometimes achieve total local dissolutions. The resulting impressions highlight the natural action of acids and time on the matrix “canvas”. The natural resonance with my professional activity as a researcher was staringly obvious, forming a bridge between Arts and Science.
As a nod to these potentially terrible consequences, a very poetic grammar has been developed to describe the many forms it can take: uniform corrosion, pitting, crevice corrosion, differential aeration corrosion, stress corrosion cracking, underdeposit corrosion, bacterial corrosion, filiform corrosion, erosion-corrosion, galvanic corrosion, atmospheric corrosion...
Like many other natural phenomena, what is dangerous is also often beautiful. Corrosion is no exception to this rule, and some form of aesthetics can be found in the facies of corroded metals. Architecture, for example, commonly uses Corten steel, which is nothing less than rusty steel (stabilised, of course, so that it does not change over time). The Soulages Museum facades in Rodez are a perfect example. The various colours that can be given to aluminium by the anodising process are also another form of intelligent use of the metal's capacity to oxidise.
But corrosion is also a perfect illustration of the zeitgeist, of our consumer society, of the superiority of nature over what man can create. Every second in the world, more than 5 tons of metal disappear due to corrosion. The increase in pollutants in the air, especially CO2, is acidifying the water and accelerating the phenomenon. Creating in a more sustainable way, choosing the right materials in construction, being more sober, are vital necessities.
Here we reach the heart of my artistic approach: highlighting a scientific discipline that is often in the shadows, making beautiful what is not, illustrating the fragility of man's creations. Strongly influenced by the etchings of artists such as Pierre Soulages or Hans Hartung, I use metal plates that I subject to aggressive environments to form different corrosion facies. The combinations are infinite, and randomness often takes precedence over the certainties of the scientist who believes he knows the result of his experiments in advance. Printing is the result of this slow work of time. Mixing the techniques of inking in intaglio and relief, the use of black or ochre colours, where the pigments are composed in good part of iron oxides, naturally prolongs this link with the metal. A few forays into brighter colours also allow me to forget the original motif and create more abstract works.
My first works illustrate 4 characteristic corrosion modes often encountered on stainless steels: uniform corrosion, pitting corrosion, waterline corrosion and crevice corrosion. After printing, and depending on the choice of colours, one can see lunar or Martian landscapes, starry nights, dusty icicles, or simply corroded plates.
It is my great pleasure to share my first creations in the Gallery. If you like this work a lot, you can even shop online at Artmajeur or contact me directly to avoid commission. And if you happen to visit Lyon, it would be my great pleasure to welcome you and show you what they look like close up for real.